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Enfants soldats : un fléau toujours d’actualité en 2025

 

Malgré les traités, les engagements et les campagnes de sensibilisation, des dizaines de milliers d’enfants dans le monde sont encore recrutés, utilisés et traumatisés par des conflits armés. En 2025, ce fléau, que l'on croyait en voie d’éradication, reste profondément enraciné dans les zones de guerre, souvent à l’abri des regards.

Garçons ou filles, certains n’ont pas 10 ans quand on leur met une arme entre les mains. D'autres servent de cuisiniers, messagers, espions, esclaves sexuels. L’enfance leur est volée, et leur avenir compromis.

Le chiffre clé du jour

En 2023, plus de 22 500 enfants ont été victimes de violations graves dans des conflits armés.
(Source : Rapport annuel du Secrétaire général de l’ONU, 2024)

Une définition toujours d’actualité

Un enfant soldat, selon les Nations Unies, est toute personne âgée de moins de 18 ans associée à une force ou un groupe armé, qu’elle participe directement aux combats ou non. Cela inclut aussi les filles utilisées pour le sexe, la logistique ou les mariages forcés.

Si les lois internationales interdisent leur recrutement, la réalité est tout autre. Plus de 110 groupes armés ont utilisé des enfants en 2023 selon l’ONU, et les conflits persistants comme en RDC, au Yémen, en Syrie ou en Haïti offrent un terreau propice à cette exploitation.

Des chiffres qui choquent, mais ne surprennent plus

En juin 2024, le rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés révélait un total de 32 990 violations graves (toutes catégories confondues) envers 22 557 enfants. Parmi elles, près de 8 500 cas de recrutement et d’utilisation d’enfants comme soldats.


Depuis 2005, l’ONU a vérifié plus de 300 000 violations de ce type, dont au moins 120 000 enfants tués ou mutilés, soit environ 20 par jour.

Cas emblématiques en 2024-2025

🇭🇹 Haïti : les gangs enrôlent des enfants à grande échelle

L’effondrement sécuritaire en Haïti a conduit à une explosion du recrutement d’enfants par les gangs armés. Selon l’UNICEF, entre 30 et 50 % des membres de gangs sont désormais des mineurs. Ils sont enrôlés pour tuer, transporter des armes, violer, ou servir de « soldats de réserve ». Le phénomène a augmenté de 70 % en un an.

« Ils les appellent les 'petits soldats'. Ce sont des enfants transformés en assassins par la rue. »
— Journaliste haïtien, Le Nouvelliste, janvier 2025

🇨🇩 RDC : des enfants comme “chair à canon”

Dans l’est de la République démocratique du Congo, le conflit contre les milices M23 et autres groupes a provoqué le recrutement massif d’enfants. Le journal The Guardian estimait en 2024 que 30 % des membres de certaines milices étaient mineurs, parfois enlevés dans les écoles ou les camps de déplacés.

Un enfant interrogé par l’UNICEF témoigne :

« On m’a dit : si tu refuses, tu meurs. Alors j’ai pris le fusil. »

Autres pays concernés

Les enfants soldats sont également présents en :

  • Mali (groupes islamistes armés dans le nord)

  • Yémen (Houthis et autres factions)

  • Myanmar (armée régulière et milices ethniques)

  • Soudan du Sud, Somalie, Burkina Faso, etc.

Pourquoi les enfants sont-ils ciblés ?

  • Ils sont faciles à manipuler, endoctriner, menacer

  • Ils coûtent moins cher, obéissent sans poser de questions

  • Ils n’ont souvent aucune alternative : pauvreté, orphelinat, déplacement

Des filles aussi enrôlées et oubliées

On parle trop peu des filles soldats. Pourtant, elles représentent 15 à 30 % des enfants associés aux groupes armés dans certains conflits. Utilisées comme esclaves sexuelles, « épouses » ou combattantes, elles sont souvent doublement stigmatisées lors de leur libération.

Citation en exergue

« Recruter un enfant, c’est lui voler son avenir et sa voix. »
— Virginia Gamba, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour les enfants et les conflits armés

La réintégration : un combat long et fragile

Libérer les enfants ne suffit pas. Encore faut-il les soigner, les scolariser, les réinsérer dans des communautés qui les rejettent souvent.

Des ONG comme War Child, UNICEF, ou Save the Children mettent en place des programmes de soutien psychosocial, formation professionnelle, réunification familiale, mais manquent cruellement de moyens.

L’action internationale reste trop faible

Si le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant interdit le recrutement d’enfants, seuls 173 pays l’ont ratifié. Et les mécanismes de sanctions sont trop lents ou inexistants.
En 2025, seuls sept commandants de groupes armés ont été poursuivis pour l’utilisation d’enfants soldats.

« On juge des enfants pour vol. Mais ceux qui les transforment en tueurs, eux, dorment tranquilles. »
— Directeur d’ONG en Afrique centrale

Des progrès timides mais réels

Malgré tout, plus de 100 000 enfants ont été libérés de groupes armés depuis 2000 selon l’ONU. Des progrès sont visibles dans certains pays, notamment grâce aux Plans d’action signés entre gouvernements, rebelles et l’ONU, comme au Tchad, au Niger ou en Côte d’Ivoire.

Conclusion : l'urgence d'agir

Les enfants soldats ne sont pas des victimes oubliées du passé. Ils sont les victimes invisibles des guerres d’aujourd’hui. Tant que les conflits perdureront, que la pauvreté s’aggravera, et que l’impunité régnera, des enfants continueront d’être enrôlés, instrumentalisés, détruits.

Il est temps de ne plus tolérer ce crime. De le nommer. Et d’agir.

Sources

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